« Ma boite subit une réorg’ ! Ca risque de saigner ! »
La phrase cynique du jour ? Non. Juste une certaine réalité que nous sommes relativement nombreux à partager en ce moment.
Surtout depuis début Janvier, maintenant que les dommages collatéraux de fin 2008 ont pu être identifiés et quantifiés !
Non ? Il me semble. En tous cas, moi, y a réorg’ au boulot! Donc, je ne mens pas ni ne fais dans le patos gratos…
Le sujet, loin d’être comique ou ironique, a été traité par notre DRH groupe lors d’un déjeuner semi officiel semi officieux : quand on mange, on oublie un tantinet quelques barrières politiques. Surtout quand on est un homme : ils ne savent pas faire 2 choses à la fois ! C’est bien connu ! Une bonne leçon à retenir mesdames… Bref.
Blague à part, nous en étions donc à ouvrir – non sans difficulté – nos mini desserts sous coques plastiques, quand le sujet des réorg’ et de leurs conséquences est arrivé avant la fin du dessert sur le tapis…rouge, écarlate...
Je relate cette partie de la discussion car j’ai trouvé assez intéressant le fait qu’un homme à cette fonction soit aussi conscient que nous n’appliquons pas les bonnes méthodes, ici et ailleurs également, mais que tout le monde fonce dans le mur, en regardant droit devant…limite le sourire ultra bright affiché…
L’idée, c’est que nous sommes en train de créer des « espaces vides » (le terme « no man’s land » serait parfait, vu le contexte !). Je m’explique.
Toutes les boites flippent. Lorsque celles-ci flippent, une des premières mesures qu’elles prennent ce sont les fameux « gèles d’embauche » (et de salaire, mais bon ça, c’est juste pour notre pomme…où le ver est déjà bien introduit… !). Ici, chez nous, c’est le gel pÔÔlaire depuis janvier !
Grave erreur…
En plus de générer stress et anxiété chez ceux qui sont déjà dans la tour (et prisonniers solidaires ?), il y a pire.
En fait, à ces périodes de récession, de crise ou de calme économique, les gels d’embauche ont pour conséquence de créer des espaces vides.
A ne pas embaucher pendant un certain temps, il se passe parfois « trop » longtemps sans embaucher. Cela veut dire plusieurs choses :
1 - il n’y a alors aucun sang neuf qui n’entre dans la société. Notamment à des niveaux où l’on a besoin d’œil objectif et d’idées différentes, comme pour innover par exemple ; c’est l’atrophie progressive…que personne ne voit, baignant allègrement dans le même bain, devenus tous aveugles (et peureux ?...)…
2 - on ne forme plus de jeunes esprits car tous les présents sont dans le bateau, et se callent sur le même format, avec le temps ! Pas de nouvelle génération !
La conséquence la plus évidente : c’est qu’une fois les vieux sortant, les jeunes « de l’époque» sont en haut de l’échelle. Et il n’y a donc plus personne de vraiment « jeune » : l’esprit a vieillit et continu, et les idées sont devenues poussiéreuses, on manque d’oxygène. C’est l’asphyxie lente.
Là vient la 2ème conséquence, c’est alors que sans jeunes entrants continus, on est obligé à un moment de recruter une vague de jeunes, en externe, et souvent en urgence ! ce qui revient souvent bien plus cher !! sous la logique implacable et simplissime de l’offre et de la demande ! (bon calcul?)
3 - enfin, la 3ème conséquence beaucoup plus subtile, que de très nombreuses boites oublient, c’est le savoir faire et la connaissance. Ce sont des choses fragiles, fondamentales, précieuses et qui prennent du temps. Connaitre une culture, générer une certaine harmonie de travail. Etre conscient des freins techniques d’un secteur. Avoir suivi les succès et les échecs et les comprendre. Avoir appris sur le terrain… Bref : tout ce qui fait « l’expérience » d’une boite, c’est aussi sa force ! Et une force clé !
Or si tous les anciens se barrent en même temps, et que les jeunes – même talentueux – arrivent en masse, tout se perd… Et il faut tout recommencer. Repartir à nouveau…
On ne peut pourtant pas se permettre de refaire encore et encore les mêmes erreurs, de repenser tout et toujours, de ne pas construire sur une base historique.
Du neuf oui. Table rase : non !
Un peu comme une maison de Couture : même un créateur aussi rebelle que Galliano va s’inspirer de son maître pour lui être fidèle dans l’esprit, ne pas trahir sa culture, ancrer l’innovation dans une lignée harmonieuse, suivre le fil rouge…
Cela est fondamental pour toute société, dans tout secteur. Tous.
Mais si on change tout et qu’on recommence : comment voulez vous que l’on fasse !
Le gel des embauches : si anodin pendant une remise à niveau économique ? Logique ?
Petite mesure, grand conséquence !...
Pourtant je sais déjà que ceux qui décident des grands coups de balais, d’un revers de manche n’en ont pas souvent grand-chose à faire. Pas touchés, pas coulés !
Dommage.
Ceux qui vont trinquer, ce ne sont souvent pas ceux qui font ces changements soit disant audacieux, et pourtant pas systématiquement judicieux.
Ce sont les marques en premier, les consommateurs au final. Le marketing pour sur, déjà suffisamment décrédibilisé !
Comment changer les choses ? Dites leur que les actionnaires aussi ont leur épée.
Car à plomber l’esprit de leur marque et compromettre l’ordre des innovations et perdre leur âme, c’est non seulement au diable qu’ils vendent leur ADN produit, mais c’est en péril qu’ils mettent leurs pépettes à long terme.
Pas convaincu ? A suivre…à nos dépends, hélas…
La phrase cynique du jour ? Non. Juste une certaine réalité que nous sommes relativement nombreux à partager en ce moment.
Surtout depuis début Janvier, maintenant que les dommages collatéraux de fin 2008 ont pu être identifiés et quantifiés !
Non ? Il me semble. En tous cas, moi, y a réorg’ au boulot! Donc, je ne mens pas ni ne fais dans le patos gratos…
Le sujet, loin d’être comique ou ironique, a été traité par notre DRH groupe lors d’un déjeuner semi officiel semi officieux : quand on mange, on oublie un tantinet quelques barrières politiques. Surtout quand on est un homme : ils ne savent pas faire 2 choses à la fois ! C’est bien connu ! Une bonne leçon à retenir mesdames… Bref.
Blague à part, nous en étions donc à ouvrir – non sans difficulté – nos mini desserts sous coques plastiques, quand le sujet des réorg’ et de leurs conséquences est arrivé avant la fin du dessert sur le tapis…rouge, écarlate...
Je relate cette partie de la discussion car j’ai trouvé assez intéressant le fait qu’un homme à cette fonction soit aussi conscient que nous n’appliquons pas les bonnes méthodes, ici et ailleurs également, mais que tout le monde fonce dans le mur, en regardant droit devant…limite le sourire ultra bright affiché…
L’idée, c’est que nous sommes en train de créer des « espaces vides » (le terme « no man’s land » serait parfait, vu le contexte !). Je m’explique.
Toutes les boites flippent. Lorsque celles-ci flippent, une des premières mesures qu’elles prennent ce sont les fameux « gèles d’embauche » (et de salaire, mais bon ça, c’est juste pour notre pomme…où le ver est déjà bien introduit… !). Ici, chez nous, c’est le gel pÔÔlaire depuis janvier !
Grave erreur…
En plus de générer stress et anxiété chez ceux qui sont déjà dans la tour (et prisonniers solidaires ?), il y a pire.
En fait, à ces périodes de récession, de crise ou de calme économique, les gels d’embauche ont pour conséquence de créer des espaces vides.
A ne pas embaucher pendant un certain temps, il se passe parfois « trop » longtemps sans embaucher. Cela veut dire plusieurs choses :
1 - il n’y a alors aucun sang neuf qui n’entre dans la société. Notamment à des niveaux où l’on a besoin d’œil objectif et d’idées différentes, comme pour innover par exemple ; c’est l’atrophie progressive…que personne ne voit, baignant allègrement dans le même bain, devenus tous aveugles (et peureux ?...)…
2 - on ne forme plus de jeunes esprits car tous les présents sont dans le bateau, et se callent sur le même format, avec le temps ! Pas de nouvelle génération !
La conséquence la plus évidente : c’est qu’une fois les vieux sortant, les jeunes « de l’époque» sont en haut de l’échelle. Et il n’y a donc plus personne de vraiment « jeune » : l’esprit a vieillit et continu, et les idées sont devenues poussiéreuses, on manque d’oxygène. C’est l’asphyxie lente.
Là vient la 2ème conséquence, c’est alors que sans jeunes entrants continus, on est obligé à un moment de recruter une vague de jeunes, en externe, et souvent en urgence ! ce qui revient souvent bien plus cher !! sous la logique implacable et simplissime de l’offre et de la demande ! (bon calcul?)
3 - enfin, la 3ème conséquence beaucoup plus subtile, que de très nombreuses boites oublient, c’est le savoir faire et la connaissance. Ce sont des choses fragiles, fondamentales, précieuses et qui prennent du temps. Connaitre une culture, générer une certaine harmonie de travail. Etre conscient des freins techniques d’un secteur. Avoir suivi les succès et les échecs et les comprendre. Avoir appris sur le terrain… Bref : tout ce qui fait « l’expérience » d’une boite, c’est aussi sa force ! Et une force clé !
Or si tous les anciens se barrent en même temps, et que les jeunes – même talentueux – arrivent en masse, tout se perd… Et il faut tout recommencer. Repartir à nouveau…
On ne peut pourtant pas se permettre de refaire encore et encore les mêmes erreurs, de repenser tout et toujours, de ne pas construire sur une base historique.
Du neuf oui. Table rase : non !
Un peu comme une maison de Couture : même un créateur aussi rebelle que Galliano va s’inspirer de son maître pour lui être fidèle dans l’esprit, ne pas trahir sa culture, ancrer l’innovation dans une lignée harmonieuse, suivre le fil rouge…
Cela est fondamental pour toute société, dans tout secteur. Tous.
Mais si on change tout et qu’on recommence : comment voulez vous que l’on fasse !
Le gel des embauches : si anodin pendant une remise à niveau économique ? Logique ?
Petite mesure, grand conséquence !...
Pourtant je sais déjà que ceux qui décident des grands coups de balais, d’un revers de manche n’en ont pas souvent grand-chose à faire. Pas touchés, pas coulés !
Dommage.
Ceux qui vont trinquer, ce ne sont souvent pas ceux qui font ces changements soit disant audacieux, et pourtant pas systématiquement judicieux.
Ce sont les marques en premier, les consommateurs au final. Le marketing pour sur, déjà suffisamment décrédibilisé !
Comment changer les choses ? Dites leur que les actionnaires aussi ont leur épée.
Car à plomber l’esprit de leur marque et compromettre l’ordre des innovations et perdre leur âme, c’est non seulement au diable qu’ils vendent leur ADN produit, mais c’est en péril qu’ils mettent leurs pépettes à long terme.
Pas convaincu ? A suivre…à nos dépends, hélas…
Comme pour Enron, La Sogé, Madoff, la bourse, etc, etc...
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