lundi 8 décembre 2008

La révolution à Cuba passera t elle par la blogosphère ?


Coup de cœur pour cet article dans Metro France (pourtant pas ma littérature de prédilection... cf. trouvé sur 'Google Actualités').
Je vous le soumets, en tant que lecteurs de la blogosphère qui fait tant de bruit aujourd'hui.

" Difficile de trouver un moyen d’expression à
Cuba.
Des Cubains ont pourtant trouvé un endroit où exposer leurs revendications et leurs critiques envers le régime. Depuis quelques mois, une dizaine de bloggeurs se sont rendus célèbres en exposant leur vie quotidienne sur Internet. Sur ces
blogs, ces femmes et ces hommes rendent compte des difficultés des Cubains au quotidien.

Le "meilleur blog du monde"
L’une d’elle a été particulièrement médiatisée.
Yoani Sanchez a trusté les récompenses pour son blog "Generación Y". Prix du meilleur blog 2008 de la Deutsche Welle, prix Ortega y Gasset du journalisme en ligne, elle y raconte tout. Y compris son "rendez-vous" au poste de police, cette semaine, pour lui signifier que la réunion de bloggeurs qu’elle organisait ne sera pas permise. Extrait : "La rencontre est brève, le ton énergique. Nous sommes trois dans le bureau et celui qui mène la danse se présente comme l’agent Roque. A mes côtés, un autre, un peu plus jeune, m’observe et dit s’appeler Camilo. Tous les deux m’annoncent qu’ils travaillent pour le Ministère de l’Intérieur. Ils ne semblent pas très intéressés par ce que je peux leur dire. Ils lisent un papier devant eux et rien ne peut les perturber. Ce sont des professionnels de l’intimidation." Puis elle retranscrit les paroles des agents : "Nous voulons vous avertir que vous avez transgressé toutes les limites de la tolérance en vous rapprochant d’éléments contre-révolutionnaires. Cela vous disqualifie totalement pour dialoguer avec les autorités cubaines." Le mari de Yoani, journaliste, tient lui aussi son blog.

La Havane au quotidien
Autre bloggeuse à relater l’événement : Claudia Cadelo, qui pose en photo sur son blog avec sa convocation. Sur
"Octavo Cerco" (en hommage à une chanson), elle décrit la vie quotidienne à La Havane. Les difficultés pour trouver des produits même communs, l’impossibilité de survivre avec son seul salaire, la déficience des services publics, les inégalités… Le regard est à la fois tragique et plein d’humour. Comme lors de ce récit de la livraison d’un nouveau réfrigérateur (1) ou cette anecdote sur la sympathie d’un ressortissant américain envers le régime castriste (2).

Autre moyen de contestation : photographier la réalité crue du pays. Plusieurs photo blogs existent également, comme celui de
Havanascity.

Critiques argumentées
La recette du succès de ces blogs ? Elle tient d’abord à leur ton. La critique n’accepte aucun compromis mais elle est toujours argumentée et n’est influencée par aucune aide extérieure (même s’ils le voulaient, les contacts avec l’extérieur sont de toute façon réduits). Ces bloggeurs n’agissent donc pas en sous-main pour les exilés cubains de Miami, par exemple, avec qui ils sont d’ailleurs en général assez critiques. Deuxième raison : la recherche fouillée et les preuves apportées à chacun des posts. Lors de leur "rendez-vous" avec la police, par exemple, les bloggeurs ont aussitôt photographié et mis en ligne leur convocation. Lors de ce même rendez-vous, Yoani Sanchez a demandé aux autorités de lui consigner ce qu’elles lui avaient dit par écrit. Une "faveur" évidemment refusée. Dès qu’ils le peuvent, les bloggeurs prennent des photos, montrent des documents. Enfin, loin du petit monde parfois nombriliste des bloggeurs, ces blogs ne se focalisent pas sur leurs auteurs : toutes les histoires personnelles sont au service d’une histoire plus générale. On ne s’attarde même pas vraiment sur les brimades et les intimidations, pourtant courantes pour ces bloggeurs.

Evidemment, ces blogs ne sont pas, en général, accessibles depuis Cuba. De quoi décourager beaucoup de ces bloggeurs, qui pourtant ne relâchent pas leurs efforts. Au péril de leur vie.

(1) : Moi aussi j’étais un peu triste, de voir ces réfrigérateurs s’en aller ainsi, après quasiment un demi-siècle à fonctionner sans relâche. Celui de ma mère, par exemple, c’était le cadeau de mariage de ma grand-mère. Elle est née en 1916 et s’est mariée à l’âge de 16 ans. C’est impossible de rester impassible devant sa mort. Je comprends parfaitement OLPL et quelques amis qui n’ont pas voulu changer les leurs, mais franchement, moi, même si je suis un peu triste, je préfère le changement. En plus, cela a coûté cher. Certains croient qu’on nous a juste changé le réfrigérateur. OK, on l’a changé, mais on y a été de notre poche : 260 pesos convertibles (environ huit fois le salaire moyen par mois à Cuba, ndlr)

(2) : Un jour, chez Claudio, un Américain d’environ 50 ans m’a dit que c’était une bonne chose que les Cubains n’aient pas le droit d’acheter une voiture. « Pourquoi voulez-vous une voiture si vous n’avez pas besoin de vous déplacer très loin pour aller travailler ? Moi-même, aux Etats-Unis, je n’ai pas de voiture, ainsi je ne ressens pas la nécessité de me déplacer loin. L’histoire de ne pas aller très loin pour travailler ne m’a pas parue très claire, je ne sais pas d’où il sortait de telles statistiques sur Cuba. Pour le reste, je n’ai même pas eu la force de le contredire. A quoi bon ? Le mieux, en fait, c’est quand sa petite amie de 15 ans est arrivée. Il faudrait peut-être lui demander, à elle, ce qu’elle pense du fait que son ami ne lui achètera jamais de voiture… "
Source: METRO France – Nicolas RAULINE.

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